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Poésies

2016 - ...

Je Cherche Mes Mots

Je cherche mes mots.
J’aimerais pouvoir m’exprimer, mais rien ne sort
Les mots m’échappent, me fuient !
Ils me lorgnent de loin, inaccessibles,
Cachés derrière ce mur invisible.
Je les appelle à moi mais ils ne viennent pas !
Et je reste seul dans ce mutisme exaspérant.
Ah ! Que c’est agaçant !

Je perds patience
Mon vocabulaire se voit réduit
Ma diction altérée,
Mon expression menacée !
J’aimerais tellement trouver le bon mot
Celui qui exprimera au mieux mon ressenti
Que je me mets à le chercher dans les tréfonds de ma mémoire.
Existe-t-il au moins ? Ou dois-je l’inventer ?
Et si jamais il me manquait ?
Il suffit d’un doute pour que je perde pied
Pour que l’angoisse me gagne !
Je me sens bancal, boiteux, handicapé.
Comment ai-je fais pour vivre sans qu’il m’accompagne ?

Il va me falloir compenser ce manque par un substitut
Qui peut-être ne fera pas l’affaire
Détournant l’essence même de ce qui m’étreint
Pour le réduire à un reliquat de balivernes insignifiantes.
Tant pis j’avance tout de même quelques paroles hasardeuses
Quitte à trébucher, j’assume ma défaillance.
L’expression avant tout !

C’est à ce moment précis que se produit l’impensable, où plutôt l’impensé.
Alors que je m’efforce d’entamer un discours éloquent
Me voilà soudainement interrompu par l’apparition d’un lièvre hideux
Aux oreilles difformes et au regard sirupeux !
Plus communément appelé: le lapsus.

Quelle horreur ! Je ne me suis pas rendu compte de ce que je disais !
Ma langue a fourché au moment ou je m’y attendais le moins
Et me voilà la risée de mon auditoire
Mes paroles ont dépassé ma pensée
Elles m’ont pris au dépourvu
Me laissant sur place, ridicule et sans espoir
De pouvoir rattraper cette erreur, cette inadvertance…

Ah ! Comme j’aimerais pouvoir revenir en arrière !
Mais il est trop tard
Ma parole lancée imprudemment
Telle un poignard dont on sous-estimerait l’efficacité
S’est retourné contre moi.

Ah !… Je cherchais mes mots
Et ce sont eux qui m’ont trouvé.
Pauvre de moi, victime inconsolable de mes lacunes littéraires
Je retourne tête baissée vaincu par ma médiocrité
Résigné à lire quelques vers pour étoffer mon vocabulaire.


 

Le Pas

Il avançait à tâtons.
Il n'avait pas vraiment d'objectifs
Si ce n'est celui de se déplacer.
Il évitait les obstacles tant bien que mal,
Acceptait les détours et les compromis
Se laissait porter par une force invisible
Dont il ne soupçonnait même pas l'existence.
Il aurait aimé pouvoir influencer le cours des choses,
Mais c'était les choses qui influençaient son parcours.
Et il se prenait des murs, tombait dans des trous,
Se retrouvait dans des impasses.
Il lui fallait rebrousser chemin,
Retrouver son point de partance
Et attendre de nouveau que le vent souffle.
 
Un jour il voulu prendre une décision.
Mais sa volonté n'était pas au rendez - vous.
L'incertitude le gagnait comme de coutume,
Il lui fallait une motivation, un prétexte,
Un désir peut-être... il n'en savait rien.
Il cherchait un sens à sa démarche.
Pourquoi devrait - il bouger au juste ?
Sa situation actuelle n'était pas si inconfortable que ça après tout.
Alors pourquoi fournir cet effort s'il pouvait s'en abstenir ?
Il envisageait la suite avec appréhension
Imaginant se retrouver piégé une nouvelle fois
Dans un dédale de problématiques plus angoissantes les unes que les autres.
Le simple fait de mettre un pied devant l'autre
Allait provoquer une suite d'évènements dont il ne pouvait maitriser l'issue.
 
Pourtant l'issue finale, celle-là, il ne l'oubliait pas.
C'était d'ailleurs sa seule certitude en ce monde
Et il se plaisait à douter qu'elle puisse être synonyme d'un objectif à atteindre.
Car il l'atteindrait de toute façon, qu'il fasse ce pas ou non.
Peut-être même que ce pas l'en rapprochait un peu plus
Et dans ce cas désespéré, pourquoi aller de l'avant ?
Non, cette fin là, n'est pas un objectif présupposé,
C'est une affirmation indétrônable !
L'axiome d'une vérité absolue
Difficilement compréhensible pour une logique linéaire.
Car la Nature, Divine Source d'exemples
Nous montre oh ! combien tout est cyclique.
Ainsi l'homme parcourant l'Amour - Monde
Se voit lui aussi soumis aux rythmes universels.
Alors ce pas sans intention qu'il ne se décidait pas à faire
N'allait certes pas remettre en cause l'aboutissement de son existence
Qu'il lui fallait accepter de toute évidence,
Mais peut - être qu'en accomplissant ce geste en toute désinvolture
Il parviendrait un instant à s'extirper du flux cosmique de ses pensées...
C'était sans compter son obstination à persister.
 
Car si rien n'a de sens, tout à une fonction !
Transmettre, perpétuer, produire ou forniquer
La Vie justifie les moyens pour se frayer un chemin
Dans l'espace - temps infini qu'est sa demeure.
Dans ce bouillon amalgamé de substances les plus diverses
Les formes s'imbriquent, se composent et se décomposent
Interagissent entre elles sans véritable motif
Que celui de se retrouver côte à côte.
 
Alors cet homme, toujours perdu dans des considérations alambiquées
Se demanda ce qui le juxtaposait ?
Il était seul et se tenait debout par la seule force de ses jambes.
Autour de lui le monde s'agitait mais n'interagissait pas avec lui.
Son seul contact était terrestre, sous ses pieds... il l'avait oublié.
Son appartenance venait de se révéler.
Et il se sentait désormais la pierre angulaire de l'Immuabilité Existentielle !
A dire vrai, il se sentait Minéral.
 
Il sut que son évolution allait prendre des millénaires à se parfaire
Et qu'il lui faudrait d'innombrables transformations pour y parvenir.
Mais qu'importe ! Il n'était plus seul dans son indécision,
Le temps était avec lui.
Il l'accompagnerait tout au long de son cheminement, comme il l'a toujours fait
Ne le quittant pas un instant, pas une minute, pas même une seconde...
Trois petits pas qui lui permettraient peut-être d'en faire un.

Les Morts-Vivants

Je suis la proie d’horribles cauchemars
Qui remplissent mes nuits d’effroi.
La simple perspective de me mettre au lit hante déjà mon esprit.
Je sais qu’ils sont là tapis dans l’ombre
Attendant que je m’assoupisse pour apparaitre.

Dès lors je les observe, qui déambulent autour de moi
D’un oeil inquiet et distant, sans me faire remarquer
Immobile et légèrement arqué. J’ai peur, seul, dans cette obscurité
Que le moindre de mes gestes puissent être mal interprété
Me faisant devenir le centre de leur intérêt, l’objet de leur convoitise.

Ils sont effrayants avec toutes ces blessures ouvertes
Qui laissent entrevoir leur sang devenu vert !
Ils ressemblent étrangement à ces hommes tout juste sortis de terre
A qui Dame Nature aurait de nouveau insufflé la vie
Tout en leur ôtant le peu de raison qu’ils avaient.

Ce ne sont plus que des enveloppes charnelles vidés de leur âmes
Qui marchent mécaniquement vers un seul objectif:
Rassasié leur faim de mangé du vivant.
Comme si en mangeant du vivant ils reprendraient vie !
Malheureusement le résultat est tout autre,
Ils ne font que propager l’angoisse de leur mort.

Ils ne parlent plus, à quoi bon ?
Puisqu’ils se comprennent entre eux dans leur unique intérêt commun.
Et ils croient, puisqu’ils ne peuvent penser,
Qu’en se nourrissant de ce qu’ils furent autrefois
Ils parviendraient peut-être à se rappeler ce pourquoi ils ont faim.

Ils ont faim de vie, certes, mais ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.
De toute évidence il leur faudra retourner en terre
Et accepter ce juste retour des choses.
Mais ils persistent dans leur obstination aveugle et sans fondement
Pousser par cette habitude qu’ils ont cultivés de leur vivant.
 

Pierre Précieuse

Devant son nez
L'histoire était écrite
Mais il n'y vit que du feu
Et mourut sans être né

Pourtant au commencement des âges
Elle fut son intérêt premier
Car de peur d'être oublier
Il entrevit son usage

Bien vite la profusion
Prêta à confusion
La possession pris le Pouvoir
Ne laissant plus aucune place au Savoir

Ainsi le trésor fut enfouit
Ne laissant derrière lui que l'ennui
Certains continuèrent tout de même de creuser
Dans l'Espoir latent de l'Esprit retrouvé

 

Le Bon Moment

Chaque chose en son temps.

Mais le temps vient de s’écouler

Et ce n’est plus le bon moment.

Un mot ment, oui mais lequel ?

Imaginez un instant

Qu’un laps de temps puisse nous échapper…

Nous nous retrouverions hors du temps !

Comme par décret instantané !

« Son heure est passée, il est périmé

Et si je ne me fiais qu’à mon seul odorat

Je dirais qu’il y est resté. »

Oui mais où ? Où est-il resté ?

Ce n’est plus une question de temps mais de localité.

Comme si chaque endroit avait son moment donné.

Et celui-ci vous indique que votre dernière heure a sonné !

Ce qui caractérisait votre état de fait vient de s’arrêter.

C’était le moment et l’endroit rêvés.

 

Sans Nom

A toi qui n'a pas de nom
Nous en avons trouver Un
Un acte de présence
L'Univers pour Conscience.

Tes Divines proportions
Aux Constantes Amoureuses
Nous rappelle oh combien
Ton Equilibre est Gracieux.

Ici l'Harmonie règne en Loi
Partout l'Energie se déploie !
En cet Unique Instant de Création
Le Temps devient Transformation.

Le Mouvement imprime sa Voie
Au Coeur de la Matière,
L'Esprit Libéré chante sa Joie
Sur une toile de Lumière.

 

Le Petit Peu

« Si je n'avais qu'un seul mot à vous dire se serait: Merci !

Merci de partager ce voyage avec moi.

Nous ne sommes pas forcément proches

Mais notre convivialité nous rapproche.

Ensemble nous dérivons sur cette planète

A travers l'espace, nos raisons s'entrecroisent,

Se définissent l'une par rapport à l'autre.

Nous divaguons tout en flottant

Sur l'océan indéfini de notre conscience.

Conscience de qui ? De quoi ? Pourquoi ?

Peu importe.

Et ce petit peu

Est ce qui nous représente le mieux.

Un petit peu précieux, un petit peu... capricieux.

Ainsi sommes-nous nés ! Avec cette faim tenace

Qu'il nous faudra satisfaire ! Et se faisant se faire,

Sans se perdre...

Mais où pourrait-on aller se perdre ?

Puisque nous sommes là, sur cette Terre !

Dans les nuages ? Dans la matière ?

C'est une alliance de chair et de terre.

La Terre devenue chair retournera poussière."

 

Ode à la Peinture

Ah ! L’appel irrésistible et envoutant de la peinture !
Il faudrait toute une vie pour en explorer l’envergure !
L’intimité de ces couleurs aux formes sans contour
Revêt la Lumière de son plus beau discours

C’est un discours de l’âme sans conteste ni présage
Cette mue de l’image au reflets craquelés
Relief apparent de nos intentions révélées
Dévoilant nos plus infimes perceptions dans l’ouvrage.

Assurées où fébriles, assumées où dociles, libérées dans l’exil,
Tout y est perceptible, illusoire et tactile.
On la caresse des yeux, suivant à la trace
L’empreinte éphémère d’un instant dans l’espace.

Et puis tout disparait dans la masse envahissante
Il ne reste au final qu’une ébauche de notre nature naissante
Une brève esquisse leçon d’un apprentissage
La marque unique et dérisoire de notre passage.

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