Il avançait à tâtons.
Il n'avait pas vraiment d'objectifs
Si ce n'est celui de se déplacer.
Il évitait les obstacles tant bien que mal,
Acceptait les détours et les compromis
Se laissait porter par une force invisible
Dont il ne soupçonnait même pas l'existence.
Il aurait aimé pouvoir influencer le cours des choses,
Mais c'était les choses qui influençaient son parcours.
Et il se prenait des murs, tombait dans des trous,
Se retrouvait dans des impasses.
Il lui fallait rebrousser chemin,
Retrouver son point de partance
Et attendre de nouveau que le vent souffle.
Un jour il voulu prendre une décision.
Mais sa volonté n'était pas au rendez - vous.
L'incertitude le gagnait comme de coutume,
Il lui fallait une motivation, un prétexte,
Un désir peut-être... il n'en savait rien.
Il cherchait un sens à sa démarche.
Pourquoi devrait - il bouger au juste ?
Sa situation actuelle n'était pas si inconfortable que ça après tout.
Alors pourquoi fournir cet effort s'il pouvait s'en abstenir ?
Il envisageait la suite avec appréhension
Imaginant se retrouver piégé une nouvelle fois
Dans un dédale de problématiques plus angoissantes les unes que les autres.
Le simple fait de mettre un pied devant l'autre
Allait provoquer une suite d'évènements dont il ne pouvait maitriser l'issue.
Pourtant l'issue finale, celle-là, il ne l'oubliait pas.
C'était d'ailleurs sa seule certitude en ce monde
Et il se plaisait à douter qu'elle puisse être synonyme d'un objectif à atteindre.
Car il l'atteindrait de toute façon, qu'il fasse ce pas ou non.
Peut-être même que ce pas l'en rapprochait un peu plus
Et dans ce cas désespéré, pourquoi aller de l'avant ?
Non, cette fin là, n'est pas un objectif présupposé,
C'est une affirmation indétrônable !
L'axiome d'une vérité absolue
Difficilement compréhensible pour une logique linéaire.
Car la Nature, Divine Source d'exemples
Nous montre oh ! combien tout est cyclique.
Ainsi l'homme parcourant l'Amour - Monde
Se voit lui aussi soumis aux rythmes universels.
Alors ce pas sans intention qu'il ne se décidait pas à faire
N'allait certes pas remettre en cause l'aboutissement de son existence
Qu'il lui fallait accepter de toute évidence,
Mais peut - être qu'en accomplissant ce geste en toute désinvolture
Il parviendrait un instant à s'extirper du flux cosmique de ses pensées...
C'était sans compter son obstination à persister.
Car si rien n'a de sens, tout à une fonction !
Transmettre, perpétuer, produire ou forniquer
La Vie justifie les moyens pour se frayer un chemin
Dans l'espace - temps infini qu'est sa demeure.
Dans ce bouillon amalgamé de substances les plus diverses
Les formes s'imbriquent, se composent et se décomposent
Interagissent entre elles sans véritable motif
Que celui de se retrouver côte à côte.
Alors cet homme, toujours perdu dans des considérations alambiquées
Se demanda ce qui le juxtaposait ?
Il était seul et se tenait debout par la seule force de ses jambes.
Autour de lui le monde s'agitait mais n'interagissait pas avec lui.
Son seul contact était terrestre, sous ses pieds... il l'avait oublié.
Son appartenance venait de se révéler.
Et il se sentait désormais la pierre angulaire de l'Immuabilité Existentielle !
A dire vrai, il se sentait Minéral.
Il sut que son évolution allait prendre des millénaires à se parfaire
Et qu'il lui faudrait d'innombrables transformations pour y parvenir.
Mais qu'importe ! Il n'était plus seul dans son indécision,
Le temps était avec lui.
Il l'accompagnerait tout au long de son cheminement, comme il l'a toujours fait
Ne le quittant pas un instant, pas une minute, pas même une seconde...
Trois petits pas qui lui permettraient peut-être d'en faire un.
Jacques