Je suis la proie d’horribles cauchemars
Qui remplissent mes nuits d’effroi.
La simple perspective de me mettre au lit hante déjà mon esprit.
Je sais qu’ils sont là tapis dans l’ombre
Attendant que je m’assoupisse pour apparaitre.
Dès lors je les observe, qui déambulent autour de moi
D’un oeil inquiet et distant, sans me faire remarquer
Immobile et légèrement arqué. J’ai peur, seul, dans cette obscurité
Que le moindre de mes gestes puisse être mal interprété
Me faisant devenir le centre de leur intérêt, l’objet de leur convoitise.
Ils sont effrayants avec toutes ces blessures ouvertes
Qui laissent entrevoir leur sang devenu vert !
Ils ressemblent étrangement à ces hommes tout juste sortis de terre
A qui Dame Nature aurait de nouveau insufflé la vie
Tout en leur ôtant le peu de raison qu’ils avaient.
Ce ne sont plus que des enveloppes charnelles vidés de leur âmes
Qui marchent mécaniquement vers un seul objectif:
Rassasier leur faim de manger du vivant.
Comme si en mangeant du vivant ils reprendraient vie !
Malheureusement le résultat est tout autre,
Ils ne font que propager l’angoisse de leur mort.
Ils ne parlent plus, à quoi bon ?
Puisqu’ils se comprennent entre eux dans leur unique intérêt commun.
Et ils croient, puisqu’ils ne peuvent penser,
Qu’en se nourrissant de ce qu’ils furent autrefois
Ils parviendraient peut-être à se rappeler ce pourquoi ils ont faim.
Ils ont faim de vie, certes, mais ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.
De toute évidence il leur faudra retourner en terre
Et accepter ce juste retour des choses.
Mais ils persistent dans leur obstination aveugle et sans fondement
Pousser par cette habitude qu’ils ont cultivés de leur vivant.
Jacques